La Nouvelle-Zélande – Octobre 2009 / Juin 2010
Septembre 2009, suite à une réponse négative de mes financements de thèse et au fait qu’Elise n’ait pas trouvé d’offre de travail intéressante, nous décidons de partir en Nouvelle-Zélande. L’argent mis de côté pour partir en safari photo en Afrique australe part dans notre nouveau projet. Deux semaines de recherche sur internet suffisent pour avoir les grandes lignes de notre voyage, càd achat de van avec road-trip et wwoofing. Cela peut paraitre court comme délai mais il faut dire qu’Elise est vraiment une organisatrice hors-pair et que nos expériences de voyages et randonnées nous aident un peu. Et parfois, il ne faut pas réfléchir trop longtemps…
Nous arrivons donc aux antipodes avec un premier backpacker (auberge de jeunesse) réservé pour quelques jours et nos deux premiers wwoof planifiés. Pour les intéressés, le principe du wwoofing est simple, en échange des quelques heures de travail (habituellement entre 3 et 5h par jour) vous êtes nourri et logé. Nous avons utilisé l’organisation appelée HelpExchange qui fonctionne sur plusieurs continents et a l’avantage de répertorier à la fois des fermes d’agriculture biologique (comme le fondateur Wwoofing), des fermes « classiques » mais aussi des particuliers cherchant de la main d’œuvre pour des travaux ou tout simplement rencontrer des gens.
Une fois à Auckland, nous cherchons en vain un véhicule correspondant à nos besoins et à notre budget. Ce n’est qu’au terme de notre premier wwoof que nous trouverons la perle rare : un van L300 Mitsubishi 4×4 déjà aménagé avec un lit. En effet, comme nous voulons éviter de dormir dans des campings ou des backpackers, nous recherchions un véhicule pouvant nous servir de maison mais aussi nous emmener sur toutes les routes et gravel-road voir même hors route (en N-Z il est possible de rouler sur certaines plages afin d’atteindre des endroits splendides).
Nous voila donc partis sur les routes et nous nous rendons au cap nord de l’île nord. En chemin nous passons chez 3 hôtes, tous réellement différents les uns des autres, et partageons un peu leur vie courante. Cela se passe tellement bien que nous partons du dernier en leur promettant de revenir les voir vers la fin du voyage.
Le « top of the north », qui est pourtant souvent déconseillé aux voyageurs en raison d’une soit disant inhospitalité des maoris (taux de chômage et précarité élevé aidant), nous émerveille. Les paysages sont splendides, les gens adorables et très accueillant. En effet, comme partout ailleurs, en arrivant poliment (demander aux locaux la permission de s’installer pour la nuit), sans apriori et curieux, les rencontres se passent toujours bien. Dans ce nord, nous découvrirons la « Te Paki Reserve » avec ses dunes géantes (plusieurs dizaines de mètres), la conduite sur plage et dans les lits de rivières (Ninety miles beach), une plage réservée aux Maori possédant le sable le plus pur en silicate, la pêche en bateau, la campagne néo-zélandaise, la culture maori, etc.
Nous partons ensuite explorer la cote est de l’île et retrouver des amis routards avec qui nous travaillons dans un verger. La région de Napier offre de nombreuses opportunités de travail à cette époque (novembre-décembre) ce qui attire un grand nombre de voyageurs. Moment et endroit idéal pour faire de nombreuses rencontres avec des gens venus des quatre coins du globe.
Nous nous dirigeons ensuite doucement vers Wellington afin de découvrir la capitale de N-Z et ses musées. En chemin nous allons faire un tour au Cape Palliser, connu pour héberger la plus grande colonie d’otaries à fourrure de Nouvelle-Zélande. À côté du Cape Palliser se trouve une curiosité géologique : les Putangirua Pinnacles, drôle de formations rocheuses.
De Wellington nous prenons le ferry vers l’île sud qui est réputée plus « sauvage » afin d’aller passer Noël et le début de l’année 2010.
L’île sud est en effet plus sauvage notamment grâce à ses fiords et ses nombreuses montagnes. Même si elles sont plus présentes sur l’ile nord, il est également possible de trouver des vallées exploitées pour la sylviculture. Malgré les multiples inconvénients écologiques que cette industrie induits, elle crée de nombreuses pistes sillonnant des territoires sans présence humaine. Equipé d’un bon 4×4 il est alors facile de trouver des accès à la côte, des endroits où faire du camping sauvage, et de rester éloignés des touristes en rencontrant les autochtones.
Sur cette île nous faisons du wwoofing chez diverses personnes, dont un homme qui habite une cabane perdu dans la montagne où nous nous lavons dans une baignoire en plein air (bien doser le feu en dessous pour éviter de s’ébouillanter). Nous y passons noël et Elise répare un doigt que j’écrase sous un bloc de pierre (une habitude chez moi). L’assistance (familiale, en France) par téléphone, les talents d’infirmière urgentiste d’Elise et la trousse de secours nous permettent de poursuivre sereinement le voyage.
Lors de nos excursions, nous découvrons le Cap Farewell (au nord ouest) qui est mondialement connu des ornithologues pour sa réserve naturelle et ses populations d’oiseaux. En cours de route, nous nous arrêterons également pour voir les « Waikoropupu Springs », les sources les plus « pures » de tout l’hémisphère sud.
Nous nous dirigeons ensuite vers la cote Est et plus particulièrement la péninsule d’Akaroa réputée avoir été fondée par des colons français. Drôle de bourgade où les rues possèdent des noms français et où il est possible de trouver une « boulangerie » faisant des french-sticks (mauvaise copie de baguettes) et une « boucherie » ayant un étalage d’agneau néo-zélandais faisant saliver. Nous passons plus d’une semaine en wwoofing dans une famille vivant à flanc de montagne. Nous partageons un brin de vie de cette petite tribu pas vraiment riche d’argent mais riche de cœur. Nous repartons en promettant de revenir dans quelques mois.
Nous décidons de retraverser l’ile vers la cote Ouest en passant par la réputée Arthur Pass, qui est un des deux grands passages au travers de la chaine de montagne nommée « Alpes du Sud ». Cette portion de côte assez sauvage présente un inconvénient majeur pour les personnes de passage : des sand flies terriblement agressives. En effet, dans toute la Nouvelle-Zélande il est fréquent de se faire sucer le sang par de minuscules mouches. Habituellement, et ce même si les démangeaisons ne sont pas anodines, au bout de quelques jours le corps s’habitue et ça ne gratte plus vraiment. Mais sur la cote ouest et le sud de l’ile sud, non seulement les sand flies sont beaucoup plus grosses et beaucoup plus nombreuses, mais aussi littéralement assoiffées de sang et vous infligent de très fortes démangeaisons qui vous réveillent la nuit. Afin de réduire ce fléau et l’ « open bar » que notre corps semble afficher à ces insectes, nous installons des moustiquaires de récupération aux fenêtres, et préférons nous installer dans les endroits venteux.
Cela nous vaudra d’ailleurs, au sud de l’île, le fait de nous enliser au bout d’une plage de galets en cherchant tant bien que mal un endroit où se reposer au soleil sans être dérangés. Tant pis, pour la première et unique fois nous devrons demander de l’aide à un local pour nous dégager.
Le sud est vraiment très beau et dépaysant, un soir en prenant l’apéro nous voyons sortir de l’eau de petites formes sautillant de cailloux en cailloux. Les manchots reviennent sur terre en se dandinant comiquement. Ils repartiront le lendemain matin en poussant de petits cris qui nous réveillerons. Belle rencontre !
Incontournable, nous nous rendons au Milford Sound qui est un des plus beaux fiords de Nouvelle-Zélande. Nous en profitons pour faire une petite croisière touristique dans le fiord. La route qui amène à ce coin perdu est vraiment à faire. Il faut prévoir suffisamment de carburant (et donc faire le plein à Te Anau) mais ensuite que du bonheur. Ça monte, ça descend, ça tourne dans tous les sens et ça en met plein la vue.
Nous partons ensuite pour le sud-est de l’île où nous attend un autre wwoof. Anna, notre hôte, complète notre liste de recettes kiwi, et nous nous servons de sa maison comme base logistique pour une randonnée de plusieurs jours à Stewart Island. Grâce à Anna et à ses amis, nous participons à une sortie en mer sur un beau voilier (répondant au doux nom de « Soubrette », en français dans le texte) et à un salon professionnel de l’agriculture.
Nous remontons doucement la côte est en passant par les Catlins, région réputée pour sa nature grandiose. Nous y partons à la découverte d’une colonie de lion de mer, observons une autre espèce de manchot (Yellow eyed) et faisons la halte incontournable aux Moeraki boulders qui sont de gros cailloux parfaitement sphériques de plus d’un mètre de diamètre disposés sur une plage. Nous faisons un détour vers l’intérieur des terres afin d’atteindre le Mont Cook et son glacier. Ceci nous permettra une nouvelle fois de tester les capacités de tout-terrain de notre véhicule sur la piste, plutôt chaotique, menant aux morènes du glacier.
Nous repartons ensuite sur la côte en direction de la péninsule d’Akaroa pour retrouver notre wwoof à flan de montagne. Notre présence permet à la famille de partir en vacances pendant que nous nous occupons des différents animaux (vaches, moutons, poules et chien). Le froid et la pluie commençant à arriver nous sommes contents de passer du temps autre part que dans notre 4×4. Nous profitons de ce moment de répit pour réfléchir à notre prochain voyage, aux destinations, au moyen de locomotion, etc.
Même si nous sommes vraiment très bien chez ces gens, le voyage n’attend pas et nous repartons plein nord afin de reprendre le ferry qui nous amène de nouveau sur l’île nord.
Nous reprenons notre tour de l’île en remontant la cote ouest, ce qui nous amène à New Plymouth. Nous nous servirons encore une fois de la maison de nos hôtes comme base pour effectuer une randonnée de plusieurs jours dans le parc du Mont Taranaki, utilisé dans certains films (Le dernier samouraï notamment) pour sa ressemblance avec le Mont Fuji japonais.
Nous roulons ensuite vers le Tongariro National Parc qui englobe de nombreux volcans encore en activité. Plusieurs randonnées sont réputées et nous effectuons, dixit les guide touristiques, la plus belle randonnée d’une journée de Nouvelle-Zélande: La Tongariro Alpine Crossing. Et, il faut l’admettre, c’est vrai qu’elle est rudement belle cette balade dans les volcans !
Raglan nous voila. Capitale du surf kiwi nous y séjournons une autre semaine chez une famille dont le mari nous prêtera sa planche. Cette famille, d’anglais émigrés, nous permettra de mieux cerner les différences entre cultures anglo-saxonne « pure » et anglo-saxonne « façon Kiwi ».
Etant déjà au mois de mai, la fin du voyage approche et nous n’avons toujours pas tenu une promesse. Nous remontons tout au nord pour retrouver nos hôtes Cheryl et Karl afin de s’occuper de leurs animaux pendant leurs vacances. Décidemment c’est une manie de nous faire faire du gardiennage. Ne nous plaignions pas, non seulement, c’est signe de confiance, mais cela nous permet en plus de passer du temps dans une vraie maison. Et oui, l’hiver arrive, ou tout du moins l’automne est bien installé, et les pluies torrentielles ont presque raison de notre envie d’extérieur et de notre endurance bretonne face aux intempéries. Nous arriverons néanmoins à retourner au Cap Reinga (la pointe Nord de la NZ) afin de refaire la piste menant aux dunes géantes, la Ninety Miles Beach et parcourir la pinède bordant la plage où nous observons une horde de chevaux sauvage. Nous passons ensuite du temps avec nos hôtes de retour de vacances. Ils nous amèneront une nouvelle fois à la pêche qui cette fois-ci sera un peu plus « succesfull ».
La date butoir arrive à grand pas, et nous n’avons toujours pas trouvé acquéreur pour notre véhicule. Même si nous adorons notre maison sur roues, nous ne pouvons pas hélas revenir en France avec. Nous repartons donc vers Auckland pour effectuer notre dernier wwoof dans la banlieue de la ville. Nous avons réellement un problème avec les grandes villes (le manque de « nature » probablement) et nous les avons à chaque fois éviter lors de notre parcours, sauf pour se rendre aux différents points d’intérêt culturels (musées, architecture, etc.), notre dernier passage à Auckland ne fait pas exception : nous allons uniquement nous balader au mont Eden. Nous trouvons finalement un jeune belge arrivé depuis peu qui nous rachète notre 4×4. Le retour chez nos hôtes en bus est assez irréel après 8 mois passés pratiquement non-stop avec notre van.
Nous préparons ensuite nos sacs (8 mois de trip, ça prend de la place…bien que nous ne ramenions pas tout à la maison!) et bouclons les dernières formalités en vue du voyage retour. Même si nous sommes bien tristes de rentrer « si vite », nous avons plein de merveilleux souvenirs en mémoire et d’autres projets plein la tête…